Fraternité autour de la table
L’antenne Caritas de Molsheim propose régulièrement des ateliers « cuisine du monde », animés par les personnes accompagnées. Samedi dernier, des plats syriens étaient sur la table.
L’épicerie solidaire « Grain de Sel » de Molsheim n’est pas qu’un lieu de distribution alimentaire. Les personnes qui y sont orientées par les travailleurs sociaux ont la possibilité de faire leurs courses, comme dans un véritable petit magasin, en ne payant que 10% du prix réel de leur panier. L’économie réalisée doit permettre de régler une facture ou de régulariser un loyer, par exemple.
« En plus, les personnes ont la possibilité de participer à des cours de cuisine ou des ateliers de remise en forme », indique Martine, bénévole à l’épicerie, située près du quartier du Moulin. Le lieu permet aussi d’entretenir les liens sociaux. Dans le cadre d’un partenariat entre l’équipe de l’épicerie et celle du centre-ville, installée rue du Général Streicher, un nouvel atelier « cuisine du monde » a été proposé ce samedi aux personnes accompagnées.
« La première fois, nous avons cuisiné un plat mauritanien, et plus récemment une spécialité géorgienne », explique une bénévole. Samedi dernier, c’était donc à Youla, une réfugiée syrienne, de partager un repas de son pays.
Les ingrédients ont été achetés le matin même. Et à 10 heures, toutes les invitées se sont retrouvées pour mettre la main à la pâte. Avec son sourire contagieux, Youla a donné les instructions aux commis d’un jour. Dans la cuisine de ce restaurant éphémère et cosmopolite, le français était teinté d’accents syrien, slave, arménien et alsacien.
On le comprenait en un clin d’œil, en voyant sa bonne humeur communicative : même si elle cherchait parfois ses mots, même si elle aurait coupé cette salade un peu plus finement, même si l’huile a mis du temps à atteindre la bonne température, Youla passait un très bon moment. « Je suis très contente de préparer des falafels et du houmous avec mes amies de Caritas », confiait-elle dans un français remarquable. Un moment vécu comme une parenthèse dans un chemin de vie qu’on imagine cabossé, marqué par l’exil pour fuir Daech.
Le tremblement de terre qui a touché sa région d’origine l’a évidemment marquée, elle qui a demandé d’observer un temps de recueillement avant d’entamer le repas. Un repas d’ailleurs excellent, rythmé par les rires et un bonheur qui n’était pas feint. A l’heure de se séparer, les participantes du festin ont convenu de se retrouver pour le prochain atelier « cuisine du monde ». Cette fois, ce sera l’Arménie qui sera à l’honneur. On ignore quelle sera la recette, mais on sait déjà que les sourires feront partie des ingrédients !
