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Caritas en prison

Une lourde porte qui s’ouvre, et se referme en claquant. Avant une autre. Et encore une autre. Ceux qui s’y sont déjà rendus connaissent l’ambiance si particulière des couloirs de prison. Et ce sentiment de se sentir observé, sans qu’on sache vraiment comment, sans qu’on sache vraiment par qui.

 

Accompagné par Cyrille et Antoinette, nous voici au premier étage de la maison d’arrêt de Strasbourg. Un petit hall fait office de salle d’attente, avant d’accéder au local dédié à Caritas Alsace, ouvert tous les jeudis matin.

 

Une fois par semaine, des bénévoles s’y retrouvent, pour accueillir les personnes détenues les plus en difficultés. Cet accompagnement se traduit par une aide matérielle et surtout un échange avec les personnes isolées par la détention.

 

La première personne à taper à la porte est un jeune homme d’une trentaine d’années, originaire du Nord de l’Alsace. Comme tous les autres qui se présenteront ce matin, il est « indigent » aux yeux de l’administration pénitentiaire.

 

Sont reconnus comme tels les détenus qui ont moins de 60 euros par mois sur leur compte nomintatif. Eux bénéficient d’une aide de 30 euros mensuels de la part de la pénitentiaire. A la maison d’arrêt, ils ont donc la possibilité de demander une aide complémentaire de Caritas.

 

«En dehors de la prison, je vivais bien, sans problème d’argent. Aujourd’hui, cette aide, ça n’a l’air de rien, mais elle est vraiment importante pour moi. Heureusement que les bénévoles font ce travail », glisse le jeune détenu, dans un sourire qui en dit long. Condamné à huit mois de prison ferme, il en est à son premier mois de détention. «Depuis que je suis là, je n’ai pas eu de nouvelles de mes proches, qui n’ont pas encore eu l’autorisation de me rendre visite au parloir». Les premières semaines de détention sont généralement difficiles pour les détenus, dont la situation tarde parfois à rentrer dans l’ordre.

 

A la maison d’arrêt de Strasbourg, le nombre de personnes dites « indigentes » oscille autour de 130 personnes, sur un total d’environ 600 détenus (pour un total de 440 places !). « Contrairement à ce que certains pourraient croire, vivre en prison a un coût », explique l’un des bénévoles de Caritas à la prison. Il faut savoir que les dépenses sont très variables en fonction des détenus. Ils bénéficient certes de repas. Mais en moyenne, ils déboursent 200 euros par mois pour améliorer leur quotidien. En prison, les détenus ont la possibilité de cantiner, acheter de la nourriture ou des vêtements, ainsi que des livres, du matériel de cuisine…

 

Ceux qui n’ont pas les moyens sont reçus par les bénévoles de Caritas, qui distribuent du café ou du thé, un peu de sucre, et surtout des enveloppes et des timbres, véritable trait d’union vers le monde extérieur. Pour les détenus qui vivent leurs premiers jours derrière les barreaux, Caritas tient également un «vestiaire d’urgence», pour distribuer des vêtements aux nouveaux arrivés. « Quelle que soit la raison pour laquelle ces personnes sont incarcérées, elles ont le droit d’être traitées avec dignité, comme des êtres humains », souligne la bénévole de Caritas.

 

Pendant les quelques heures passées à la maison d’arrêt, une dizaine de personnes se sont succédé dans le petit local. Eric, Yohan, Jean-Pierre… Des hommes dans l’immense majorité des cas. Tous ou presque profitent de l’occasion pour se confier. Les bénévoles les écoutent, discutent, mais sans parti pris et sans jugement. Son enfermés dans la maison d’arrêt de Strasbourg des condamnés à des peines courtes -moins de deux ans- ainsi que des prévenus (en attente de leur jugement). Les peines plus lourdes sont purgées en centre de détention (par exemple, à Oermingen) ou en maison centrale (comme celle d’Ensisheim).

 

A Strasbourg, les détenus sont reconnus coupables de faits de délinquance, violence, vols, ou encore conduite en état d’ivresse : les motifs d’emprisonnement sont variés. «Notre but, ce n’est pas de savoir pourquoi ces gens se retrouvent incarcérés. C’est d’ailleurs mieux si on ne le sait pas. Nous sommes avant tout là pour les écouter », poursuit Antoinette. Arrivés stressés pour la plupart, les détenus ressortent généralement de la petite salle avec soulagement, à l’issue d’une dizaine de minutes de discussion.

 

« Nous sommes confrontés à la détresse de ces gens, ce n’est pas simple tous les jours ». Certains détenus clament leur innocence, d’autres parlent avec nostalgie de leur famille, leur travail, leur vie d’avant… «Mon quotidien de prisonnier, c’est un stress permanent. Je passe parfois 22 heures par jour enfermé dans ma cellule. J’attends à chaque fois mon rendez-vous avec les bénévoles de Caritas avec impatience », résume un autre détenu d’une quarantaine d’années, avant d’ajouter, en se tournant vers les bénévoles : « pourtant aujourd’hui, je suis un peu triste. C’est sans doute la dernière fois que je viens, car ma peine s’achève bientôt ». Les bénévoles accueillent la nouvelle avec des rires : « j’espère bien qu’on ne se reverra plus ! Ou en tout cas, pas ici !»

 

Vous souhaitez rejoindre les bénévoles de l’équipe « Indigence » à la Maison d’arrêt de Strasbourg ? Ou participer à nos actions dans l’un des autres établissements pénitentiaires d’Alsace ?

Contactez Gaëlle Lhermitte, coordinatrice du pôle carcéral : glhermitte@federationcaritasalsace.org

 

 

 

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